A - Chapitre 13

Publié le par Gabrielle

A - Chapitre 13

Chapitre 13 : Plus ridicule, tu meurs...


Jacob était allongé au sol, Jess agenouillée à ses côtés. Le visage de la jeune femme était barbouillé de larmes. Tremblante, elle se pencha et posa deux doigts au creux du cou du garçon afin de vérifier si son cœur battait toujours. Un long soupir de soulagement s'échappa de ses minces lèvres lorsqu'elle constata avec bonheur qu'un battement régulier pulsait au cou de son ami. Légèrement soulagée, l'adolescente se saisit de son téléphone. Alors qu'elle s'apprêtait à faire le numéro des urgences, elle vit les yeux de Jacob s'ouvrir lentement. Il se releva et regarda Jess comme un enfant qui, après un cauchemar, a besoin d'une étreinte de la part de sa mère. Peu à peu, ses yeux qui, il y a une poignée de minutes, étaient exorbités par une folie dévastatrice, s'embuèrent de larmes.
_ N'appelle pas les urgences s'il te plaît je vais bien, dit-il, un sanglot coincé dans la gorge. J'ai simplement... j'ai...
Voyant qu'il ne parvenait pas à trouver les mots, Jess murmura :
_ Chuuut... Ce n'est pas grave. Tu me raconteras ça plus tard, d'accord ?
Le jeune homme hocha fébrilement la tête avant de venir se réfugier dans les bras de son amie qui ne tarda pas à se mettre à verser des larmes aussi. Mais c'étaient des larmes de soulagement pour sa part. Elle doutait en revanche que c'en soient pour Jacob. Ne restait plus qu'à découvrir à quoi ces pleurs étaient dus.

***

Paul entra dans la blanche et silencieuse chambre d'hôpital de Margaux. Il ne fut qu'à moitié surpris lorsqu'il vit que la jeune fille était endormie, étant donné qu'il était relativement tôt dans la matinée. Le jeune homme vint alors s'asseoir près du lit de l'endormie et la regarda un instant. Une telle innocence émanait de son joli visage aux traits fin lorsque ses yeux étaient fermés... Pourtant, lorsque ceux-ci étaient ouverts, on ne lisait plus sur ce même visage qu'une haine vouée au monde entier, de la tristesse, et de l'incompréhension. Paul voulait absolument savoir pourquoi. Pourquoi Margaux semblait-elle tellement souffrir ? Pourquoi tant de secrets l'entouraient-elle ? Il avait bien remarqué qu'à chaque fois que quelqu'un tentait de se rapprocher d'elle pour l'aider, elle devenait agressive et méchante. Peut-être était-ce tout simplement pour se protéger ? Mais de quoi alors ?
Tant de questions habitaient le cerveau de Paul concernant la belle brune... Il en venait parfois à ne même plus comprendre pourquoi il se les posait, et à se dire qu'il serait bien plus simple pour tout le monde qu'il reste dans son coin sans se mêler de ce qui ne le regardait pas. Après tout, c'était bien plus simple de taquiner Margaux sur ses faiblesses plutôt que de l'aider à les faire disparaitre. Mais le seul problème, c'est que c'était un comportement lâche. Et Paul ne se permettrait plus d'être lâche désormais. Il avait décidé d'agir avec courage dès qu'il le pouvait. Après tout, puisqu'on peut perdre la vie si facilement, pourquoi la gâcher en n'en faisant rien ? Lui aussi avait des secrets sombres qu'il ne voulait pas révéler, et ceux-ci lui avaient montré très récemment que la vie était un précieux cadeau. Il ne comptait en rien le gâcher, et encore moins laisser ceux à qui il tenait la gâcher aussi.
Ainsi perdu dans ses pensées, le jeune homme ne se rendit pas compte que la belle endormie s'était éveillée et le regardait d'un ait surpris depuis maintenant quelques secondes.
_ Que tu sois la première personne que je voie à mon réveil commence à devenir un habitude, dit-elle d'une voix fatiguée mais dans laquelle on sentait toute l'ironie du monde. J'espère simplement que cette fois il ne s'en suivra pas une crise d'angoisse et d'autres trucs très sympas, genre une crise cardiaque et un séjour à l'hôpital. Oh, mais c'est vrai, je suis DEJA à l'hôpital.
_ Bonjour Margaux, moi aussi je suis content de te voir, lui répondit le jeune homme sur son éternel ton rieur. Et puis je t'ai quand même sauvé la vie, alors tu m'es redevable tu sais. Tu ne devrais pas parler comme ça à ton sauveur.
_ Mon sauveur ? Je parie que tu étais juste resté chez moi pour me voir en sous vêtements sale pervers !
_ Ouh, touché.
_ Je m'en doutais, soupira la jeune fille. Bon, et sinon, qu'est-ce que tu fais là, monseigneur le sauveur de vie pervers ?
_ Et bien, je suis venu te parler de l'autre jour, tu sais, la dernière fois que je suis venu te rendre visite.
Un silence s'abattit soudain et l'atmosphère se fit lourde. Les yeux de Margaux qui, quelques secondes plus tôt, étaient rieurs et joyeux, se firent tout à coup bien plus sombre et emplis d'une grande souffrance mêlée de colère.
_ Il n'y a rien à dire, dit-elle sèchement.
Elle se mit dos à son interlocuteur et se recoucha sous sa couverture blanche, ce qui eut le don d'énerver le jeune homme. Il lui prit le poignet et la força à lui faire face.
_ Ne te cache pas ! lui ordonna-t-il. Arrête de fuir bon sang Margaux ! Ca ne te servira à rien. Je sais que...
_ Tu ne sais rien ! hurla la jeune femme hors d'elle. Tu ne sais absolument rien, alors ne fais pas comme si tu comprenais ma douleur ! Tu ne la comprendra jamais ! Tu ne sauras jamais ce que ça fait de te sentir infiniment noire de colère jusqu'au fond de tes entrailles ! C'est trop facile de te pointer comme ça et de me dire d'arrêter de me cacher ! Tu ne sais même pas ce que je fuis !
_ Alors dis-le moi ! répondit le lycéen sur le même ton. Explique-moi et alors peut-être que le fait que je veuille t'aider te paraitra plus crédible dans ce cas là !
_ Mais peut-être que je ne veux pas qu'on m'aide ! Tu te crois tout puissant ?! Tu penses que tu pourras faire disparaitre tout mal qui me ronge depuis ces longues années en un claquement de doigts ?!
_ Et pourquoi pas ?!
_ Parce que ça ne disparaitra jamais ! Alors arrête ! Dégage Paul, je ne veux plus jamais te voir ! Je ne veux pas que tu m'aides !
_ Très bien ! Si tu préfères rester seule dans ton mal être, je t'y laisse avec plaisir Margaux ! Démerdes-toi ! Après tout, ce sont tes problèmes pas les miens !"
Et sans jeter un regard à Margaux, Paul sortit en claquant la porte. Alors la jeune fille fondit en larmes.
_ Plus ridicule, tu meurs, se dit-elle à elle-même.

***

Après une longue heure, les larmes de Jacob s'étaient arrêtées de couler. Très lentement, il se dégagea de l'étreinte de Jess et lui sourit en murmurant :
-" Merci.
- De rien, lui répondit la jeune femme dont les larmes s'étaient également taries. Je pense qu'on devrait aller dans la voiture, on sera plus confortable pour parler.
- Oui, tu as raison", acquiesça le jeune homme.
Alors tous deux sortirent de cette étrange maison qui pour eux n'évoquait désormais que de mauvais souvenirs douloureux.

***

Paul claqua la porte d'un geste rageur et marcha d'un pas rapide dans les couloirs de l'hôpital presque vides à cette heure matinale. Il n'avait jamais été aussi furieux. Lui qui était venu pour aider Margaux se trouvait maintenant bien idiot. Il repensa à ce qu'il se disait avant de rentrer dans la chambre de la jeune fille : il pensait que peut-être il était en train de faire le mauvais choix en essayant d'aider une âme meurtrie comme celle de Margaux. Et bien désormais il était certain que c'avait été un mauvais choix. Un très mauvais, même. Il avait vraiment de bonnes intentions en venant lui demander de s'ouvrir à lui, et elle lui disait qu'elle ne voulait plus jamais le revoir ?! Elle se fichait vraiment de lui ! En tout cas, ils étaient d'accord sur un point au final, puisque lui non plus ne voulait plus la revoir. Toujours aussi furieux envers la jeune fille, Paul s'engouffra dans l'ascenseur, puis en sortit quelques secondes plus tôt. Sans demander son reste, il repartit chez lui, en se disant qu'il ne reviendrait pas de si tôt revoir la jeune fille. Il était hors de lui, et il lui semblait qu'il allait le rester pour toujours tant la colère avait pris possession de lui.

Publié dans Amnesie

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